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christian-camerlynck.over-blog.com

Un article dans la revue Vinyl sur notre spectacle : PARLEZ MOI DE VOUS.

22 Octobre 2015 , Rédigé par christian-camerlynck.over-blog.com Publié dans #spectacle

Un clic et vous ouvrez pour le lire.

Photo Chantal Bou-Hanna

Photo Chantal Bou-Hanna

Vinyl, une revue de "militants" de la chanson pour amateur de la chanson. De vrais

amoureux. je m'y abonne... Je suis heureux de communiquer ce bel article écrit par Laurent Gharibian, un autre amoureux de la chanson qui anime aussi une émission sur "Radio Libertaire"

Christian CAMERLYNCK
et Nathalie FORTIN
LA PART DES ETRES

Pour son retour à la scène (douze représentations en septembre 2015) Christian Camerlynck a choisi pour partenaire la pia- niste Nathalie Fortin. Sur l’affiche, le nom des deux protagonistes figure dans une importance égale. Pas fréquent. Mais largement justifié car cette musicienne hors pair participe, en fait, pour moitié à ce spectacle qui ne ressemble aucunement à un tour de chant pris au sens habituel du terme... Les deux artistes nous accueillent comme à la maison : entre deux chansons, sur le ton de la confidence, ils devisent mais dialoguent aussi par le regard où s’entremêlent tout à la fois l’humour et la tendresse. Ce couple virtuel, on y croit d’emblée.

La scène du Théâtre de l’Ile Saint Louis-Paul Rey s’est trans- formée pour l’occasion en un salon accueillant autant qu’insolite. Un (bon) piano quart-de-queue, recouvert d’une étoffe brodée et d’objets divers. Dans son bocal, un pensionnaire que notre chanteur prend, un instant, à témoin au cœur d’une chanson... Non loin, toujours sur le piano, un miroir qui aura, parfois, son mot à dire. Discrètement. Et puis, posée à terre, une imposante réplique à la présence pour le moins saisis- sante mais... motus. Chaque élément de décor a du sens. Tout comme la mise en espace de ce rendez-vous superbement théâtralisé par Isabelle Aichhorn.

En effet, tout a été pensé pour mieux faire jaillir le naturel. Ce travail d’artisan est une réussite incontestable. En outre, l’acoustique du lieu permet à Christian Camerlynck de chanter sans micro. Les textes de liaison semblent à tel point improvisés que le public, complice, n’ose applaudir pour préserver un charme qui opère dès les premières minutes. L’artiste se raconte. On retiendra, en particulier, son premier émerveillement d’enfant : la magie du spectacle vivant faisant irruption dans sa morne existence... Par moments, le comédien-chanteur feuillette le livre de souvenirs posé sur le piano ; on peut y apercevoir quelques photos...

Il est vrai, l’année de ses 70 ans et de ses trente cinq ans de scène, Christian Camerlynck regarde avec nostalgie dans le rétroviseur. Le paysage prend les couleurs du Québec avec Félix Leclerc, Gilles Vigneault ou Claude Gauthier dont la chanson Parlez-moi de vous donne son titre au spectacle. Tout commence - tendre clin d’œil - par Après le théâtre d’Anne Sylvestre dont on retrouve bientôt une émouvante version d’ Une sorcière comme les autres que précède une ra- reté, Les dames de mon quartier. Une seule chanson de Brel, certes, mais dans une interprétation touchante, inspirée. Par deux fois la musique de Romain Didier vient caresser les mots de Laurent Sillano. Se défaire et Nous mourrons riches procurent un vrai bonheur : intelligence et profondeur, habillage rythmique tout en légèreté. Bref, du sur-mesure. Romain Didier, une fois de plus, pour l’excellent A quoi ça tient.

De Jacques Debronckart - qui lui offrit de passionnants inédits - Christian Camerlynck chante pas moins de six titres d’où émanent, intacts, cet humour corrosif, ce regard visionnaire ou cette tendresse d’écorché vif - qui séduisent, encore aujourd’hui, une poignée d’interprètes exigeants (1). C’est sur un ton proche de l’épure que nous parviennent, ici, ces trésors d’humanité : avec une densité et une sensibilité qui forcent le respect. Ma préférée ? La religion. Un hymne libertaire que Christian Camerlynck est l’un des très rares interprètes à maintenir à son répertoire et dont il a livré, au disque - en 2001- une version tout aussi aboutie.

Le tableau sera (presque) complet avec Le bateau espagnol, réinventé avec finesse. Et puis, qu’il est bon de réentendre du Léo Ferré : Le temps du tango signé en tandem avec Jean- Roger Caussimon dont on retrouve Le funambule - musique de l’incomparable Francis Lai. Cette histoire nous est restituée dans une approche originale et poétique. J’ai gardé pour la fin un texte placé à la suite de la chanson d’ouverture: La part des êtres semble chanté mais il est dit. Les mots d’Yves Navarre nous captent par leur musicalité autant que par la lucidité et la concision du propos. Ce texte apparaît comme une profession de foi, comme une manière de ressentir le monde des humains. Il définit, à lui seul, la qualité d’ensemble de ce programme qui doit beaucoup à une formidable capacité d’ouverture sur l’autre. Sur nous autres.

Tout au long de ce spectacle, l’émotion fut palpable : un échange d’une qualité extrême. Si Christian Camerlynck et Nathalie Fortin s’arrêtent dans votre ville, ne vous privez pas de ce voyage en terre humaine. Aventurez-vous dans ces paysages dessinés à l’encre du sensible et pareils aux contours de nos vies. Tout simplement...

Laurent GHARIBIAN - Octobre 2015

(1) A signaler, notamment, l’étonnante Marie-Thérèse Orain pour un retour gagnant et le très prometteur Cyril Mokaiesh dans leur récent album respectif. Deux générations, deux styles complémentaires qui mettent en valeur cette figure profondément attachante.

photo. Chantal Bou-Hanna

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